Chaque été, certaines villes françaises se transforment en véritables fourmilières. Les rues s’animent, les terrasses débordent, les appareils photo crépitent… et les habitants, eux, grincent des dents. Car si le tourisme reste un pilier essentiel de l’économie locale, notamment après les secousses de la crise sanitaire, il n’est pas toujours accueilli à bras ouverts. À force de subir des comportements jugés irrespectueux, de plus en plus de résidents songent carrément à plier bagage.
Quand les vacances des uns deviennent le cauchemar des autres
Étretat, joyau de la Normandie, est un exemple frappant. Ce petit coin de paradis aux falaises de calcaire majestueuses, autrefois paisible, attire chaque jour des centaines de curieux, souvent pour une simple escapade éclair. Une journée suffit à saturer ses ruelles, ses parkings et, surtout, la patience de ses habitants.
Une habitante confie, un brin désabusée : « On ne vit plus ici, on subit. » Et elle n’est pas la seule. Certains riverains, épuisés par le tumulte estival, choisissent de vendre leur maison pour retrouver un peu de tranquillité ailleurs. L’incivilité est souvent pointée du doigt : papiers gras abandonnés sur la plage, stationnements sauvages dans les ruelles étroites, nuisance sonore tard le soir. Une véritable invasion… sans les égards qui vont avec.
Marseille : entre carte postale et galère quotidienne
À Marseille aussi, la tension monte d’un cran. La ville séduit, c’est indéniable. Son accent, son Vieux-Port, sa basilique Notre-Dame-de-la-Garde… Le décor est idyllique, sauf quand il faut le partager avec des cars entiers de touristes. Aux abords de la basilique, les habitants peinent à circuler. Les petites rues, déjà complexes à emprunter, deviennent impraticables. « On ne peut même plus sortir faire nos courses sans tomber sur un embouteillage de minibus ! », lance un habitant du quartier.
Au-delà de l’irritation passagère, c’est une véritable fatigue qui s’installe. Celle de devoir, année après année, composer avec une population éphémère mais envahissante. Le flux touristique massif finit par peser sur la qualité de vie.
Un tourisme à repenser ?
Ce rejet des touristes n’est pas un cas isolé. Il témoigne d’une crise d’équilibre entre attractivité touristique et respect du cadre de vie local. Des villes comme Venise ou Barcelone ont déjà tiré la sonnette d’alarme, et certaines communes françaises commencent à réfléchir à des solutions : quotas de visiteurs, campagnes de sensibilisation, développement d’un tourisme plus durable et réparti dans le temps.
Les habitants ne remettent pas en cause le tourisme en soi – beaucoup vivent directement ou indirectement de cette activité – mais appellent à une cohabitation plus respectueuse. Comme souvent, tout est une question de mesure. Car une ville vidée de ses habitants à l’année perd aussi un peu de son âme.
Finalement, ces plaintes disent quelque chose de plus profond : l’attachement des habitants à leur territoire, et le besoin de préserver une certaine qualité de vie, même en haute saison. Si l’on veut continuer à profiter de ces lieux magnifiques sans les voir se vider de leurs habitants, il est temps d’écouter ce ras-le-bol croissant… et de repenser notre façon de voyager.



